La suite

Un an.
C'est pas un anniversaire tres reluisant, quoi que "reluire" fut l'un des mots d'ordre de cette initative.

Ca fait un an que je me suis (ré)inscrit sur adopte un rodrigue.
Avec des moment de pauses, des moments de moins, des moments intenses a solliciter a tout va et des moments de pas du tout

Viendez, je vous raconte ce que j'y ai appris..

Une fois qu'on a bien saisi le fonctionnement du site, on passe a la pratique, une annonce qui fait sourire et en avant Gigean! (qui irait a Guingamp ?).

Ha oui, les photos !
N'ayant pas l'habitude de me prendre en photo tout seul, il y a fallu que je cherche parmis les photos que mes enculés coquinous de facebook friends auraient posté de moi ou je ne vomis pas, ou je ne danse pas la country dans la cage d'une boite celebre en ayant confondu mon boxer avec un chapeau de cowboy et ou je ne suis simplement pas entrain de tenter un twister vétu du maillot de bain de Borat.

Au debut, en tant que produit tout nouveau sur le marché pour dames, la curiosité a un impact non négligeable : ça afflue de toute part, celles qui ont compris l'annonce ou qui trouvent que la photo me met en valeur m'accordent le droit de discussion.

On echange.

Et la, c'est la révélation

C'EST COMME DANS LA VRAIE VIE ! ou presque


En tous cas, il y a de tout sur ce site.
Le prisme du 2.0 en plus, on arrive a toutes les extrémités, parfois en moins de 10 echanges de mails.

Comme dans la vraie vie (d'ailleurs, le 2.0, c'est aussi la vraie vie, c'est juste qu'on a moins de sens qui ont leur mots a dire, mais on y reviendra. Du coup on appellera vraie vie la vie ou on peut user du sens kinesthésique. (le touché, inculte) )


Chiffrons

2 comptes.
Parceque lorsque je discutais avec des femmes qui avaient 100 000 points (les points étant attribués en fonction du nombre d'interactions avec le site), je me sentais trop le produit 1er degré du site, trop consommable parmis les autres one shot pour avoir une chance de paraitre authentique.
D'ou le fait de réouvrir un compte lorsque mon nombre de points m'a semblé un peu too much de l'importance.

1 changement géographique
L'étude sociologique etant un pretexte officiel, c'est surtout que du premier endroit ou je vivais, au fin fond d'une campagne profondément enfoncée dans le fondement unilatéral de la France, j'avais besoin d'echanges avec la gente feminine autre que les filles d'agriculteurs ou d'ours.

52765 points

272 femmes qui m'ont octroyé le droit a la conversation

un an d'abonnement (oui, on peut payer si on veut)

Des echanges agreables par écrit

Des rencontres réelles qui n'ont rien donné de bien funky

Des rencontres réelles ou on s'est bien marrés

Des rencontres réelles hyper sexuées

Des rencontre réelles hyper flippante de l'attachement non désiré de l'entité féminine dont on aimerait bien ne pas entendre "bien dormi mon amour" au reveil de la premiere (et seule) nuit passée ensembles.

Puis...



Elle est arrivée.

Ses sourires, son interaction avec mes synapses, son sex appeal, ses sexes a piles, sa classe, son humour, ses rires a mon humour (wouhou !), sa cambrure lorsqu'elle porte des talons, son petit creux de cou, sa façon de me lecher le gland, sa determination a jouir de la vie, son pouvoir magique a rire de maniere incontrolée lorsqu'elle a eu un orgasme, son independance, ses yeux qu'ils sont jolis, son corps un peu ouffisime..

Le premier soir, on a discuté, on a ri, ça s'est clairement terminé par un echange de sms qui disait "c'etait fun, meme si je pense qu'il ne se passera rien entre nous de plus que de l'amitié", qu'elle m'eut ecrit.
Vous aurez bien compris a mon allusion au titillement lingual du frein jouxtant ma bitoune que c'etait un éhonté mensonge de sa part !
10jours apres ce sms, quelques echanges de regards équivoques et la nous sexions passionément sous les toits d'un immeuble qui se vaudrait haussmanien s'il n'etait ésotérique.







Non je deconne, tout cela n'est jamais arrivé, mais je sais que certaines lectrices fleur bleues auront apprécié ce petit instant "roman d'amour du relais de la gare" offert par la maison.


Un an apres, apres avoir bien pratiqué le site, tenté des changements d'annonces, de photos, de geographie m'apparait un fait éloquent : Nous sommes des produits, au sens propre.
Et etre un produit apple, aussi merdique que soit l'appareil est bien plus vendeur qu'etre un Nokia 3310 qui fonctionne tout le temps bien et avec lequel on peut jouer au snake (l'allusion au serpent, t'as compris ?), parceque sur la forme, c'est mieux travaillé. Et les gens veulent de l'ergonomie pré machée.

J'ai compris que mettre 2 ou 3 photos de moi valait mieux que d'en mettre 8 dont 7 de beau gosse et 1 ou je serais entrain d'embrasser un toilette turc de resto routier sans eau courante a pleine bouche (meme si niveau WC, on aura des choses a vous raconter lorsqu'on sera a la tete de d'une multinationale de "luxe & confort toilets" avec GS)

Que le texte se devait d'etre court, concis et prouver au monde entier que j'etais drole, subtil, actif, entreprenant, sportif, protecteur, tenebreux et surtout, SURTOUT que ma premiere phrase d'approche sera autre chose que le rédhibitoire "salut, ça va ?"

Que de cocher "Jaccuzzi" parmis les extra ouvrait des portes non negligeables a mon potentiel charisme, tout comme "piscine" et "projecteur", a contrario de "enfants" ou "vit chez ses parents"

Que du GHB pouvait faire oublier que tu n'avais pas tout ça de mentir, c'est pas bien. Ou qu'une chambre d'hotel en centre ville permet d'eviter de le faire.

Qu'on devait travailler sa fiche comme une agence de communication travaillant le marketing d'un produit ou le budget alloué a la com serait supérieur a celui du fonctionnement du produit (pourquoi mange t'on mcdo ou achetons du renault ?) plus que le fond.

Que "pulpeuse" sur une fiche féminine ou on ne verrait que des photos de visage et/ou de decolleté signifiait enveloppée voir un peu en surpoids. (écrire Enorme en gras, c'est cocasse).

Qu'il valait mieux attendre que les photos et l'annonce choisie soit publiées avant de lancer une vague de "charmes".

Que concretement, ça permet un filtre, mine de rien, ces rencontres 2.0. Au chaud, at home, vétu uniquement d'un somptueux caleçon avec les dessins Marvel,  on peut se faire passer pour un type qui a la classe a l'instant T, tout en finesse et avec demarquation des concurrents.

Que certaines femmes ont oublié qu'elles auront beau travailler leurs illustrations sur photoshop, la vérité d'une peau lunaire se verifiera sous la lumiere meme tamisée du bar de la premiere rencontre

Que plutot que de se voir dans un bar pour une premiere rencontre, un film, un petit dej ou un kir on the beach place un contexte bien agreable.




Finalement, l'important reste de bien mettre sa capote



Pizza Seducer

On dit toujours "un brun ténébreux".

Enfin quand je dis "on", c'est surtout ce que j'ai pu lire ou entendre de ces dames lorsqu'elles exprimaient un souhait d'archétype du Mâle.

C'est un peu nous faire le coup du "monter en haut" ou "les femmes en talons sont sexy", on appelle ça a pléonasme.

Oui parceque si elles étaient dans le cadre d'une épuration de langage, elles auraient dit juste ténébreux :
Un blond tenebreux, tu connais ?
un roux tenebreux ? (tu connais le saint protecteur des roux ? C'est "Oliver". Parceque l'ange Oliver protege les roux.)
Le chatain ? Le auburn ? (aucun jeux de mots sur ce dernier terme, la facilité ne passera pas par nous).

Toute la subtilité réside dans le fait que l'un est forcément l'autre, mais pas l'inverse.
Il y a des bruns qui ne sont pas ténebreux

A force d'ecumer la rencontre virtuelle, j'ai pu etablir quelques profils types du mec virtuellement parfait, la pate a pizza/le service 3 pieces étant le tronc commun

Pas de prise de risques, l'eventail des possibilité reste ouvert. On a une base saine tomates/fromage, sous entendu gentil/drole, c'est passe partout, on sait a quoi s'attendre (soit pas grand chose) et on est de ce fait rarement déçu. Ni surpris.


La, on s'oriente severe dans du brut de décoffrage. On voulait du gout, du qui parle fort, du qui sent le musc, le danois bucheron avec chemise a carreaux qui rit fort dans sa barbe et qui a des epaules baties pour remplacer au pied levé un des pied du viaduc de millau. Sus a la subtilité !


Ca précise une envie de "comme soit", une caractéristique commune qui évitera de passer a la broche Roger, le gentil petit porcelet qu'il est si mignon.
En meme temps, nous sommes ce que nous mangeons, alors autant manger sainement. Puis plutot que de tenter de convertir (et d'enlever les lardons de la pizza), autant en choisir une qui sera directement a notre gout, tant que c'est au menu.
Puis, Roger, il sait marcher au plafond..



En quete d'originalité. On veut de l'ananas, de l'émo, du hipster, du mélange sucré salé, du footballeur américain et poete, de l'informaticien mannequin, du hell's angel's danseur de salsa cubaine, du routier qui lirait du Jodorowski. Si certains mélanges savent etre detonnant au le palais, d'autres rendent aussi torchon chiffon carpette.



Un gros mélange d'un seul type d'ingrédient, au gout intense et prononcé. Un cliché identitaire qui ne sort pas de son canevas, pour le meilleur comme pour le pire (zavez remarqué comme cette formule toute faite pose un contexte ?). Le romantique apportera des fleurs tous les jours et fera des cookies en forme de coeur, le badboy rebelle glissera un "fuck" comme ponctuation et "niquera sa mere" a chaque fois que le grille pain tombera en panne, le gothique aura tendance a vouloir mutualiser le budget maquillage.
Quand on aime le claquoss, c'est du bonheur. Si on aime aussi les autres choses, c'est une saveur trop orientée pour etre representatif d'une vie a deux.



C'est le meltin pot des qualités du prince martelées par Disney depuis qu'on a touché de nos deux oreilles le vagin de maman :
"Un homme drôle, qui prend soin de lui, ambitieux, sportif, sensible, une belle monture (si possible un cheval cabré), qui pourra me proteger, qui soit beau, cultivé, intelligent, qui m'aime pour ce que je suis, musclé, attentionné, delicat, qu'il ne veuille pas me changer... me suffira". Un trop plein d'ingredients qui enleve la faculté de saveur de chacun d'eux, pris indépendamment. Ou c'est parceque j'aime pas les champignons.


C'est la quete du pere, souvent vers la trentaine, les hormones qui font bravo et les oestrogenes qui jouent les tambours du bronx peuvent pousser certaines donzelles a la quete du géniteur parfait. Il répond aux affinités de choix des pizza proposées au debut du menu avec la touche du chef qui justifierait une envie d'echange de fluide sans cellophane. Attention au complexe d'Electre






Et si le Dom-juan 2.0 etait une tortue ninja ?



Metalste

L'amertume du non engagement.

Apres un echec, l'evolution veut qu'on ne recommence pas la meme faute une seconde fois. C'est l'apprentissage a tatons qui annonce quelques gamelles avant de savoir pedaler (il parait meme qu'on se ramasse statistiquement 2000 fois avant de savoir marcher).

D'ailleurs, ces stats poussent a l'essai, encore et toujours, en cumulant les erreurs, les evitant au fur et a mesure des tentatives. Ca permet d'acquérir de la dextérité, des automatismes nous permettant de nous consacrer a l'etape supérieure de l'apprentissage dans le domaine choisi : la musique, le sport, une langue, la cuisine, les massages..

Ca fonctionne pour ce qui est rationnel et pour lesquelles on progresse en "niveau" et pas seulement dans le temps.

Puis il y a les emotions.



J'ai l'impression que peu importe l'age, quand on est amoureux on retombe au meme niveau que lorsqu'on avait 8 ans.


J'ai pu observer en debut de semaine un couple d'une 30aine d'années qui etaient face a face, lui bossait alors qu'elle le regardait, faisant tournicoter ses doigts dans ses cheveux. Ca faisait tres fleur bleu, ambiance amour tout nouveau tout frais. J'imaginais qu'il venaient de se rencontrer, qu'il etaient encore en mode passion "avant que ça s'atténue".
Puis un pote a ma droite me dit
"hey, lui c'etait mon prof en IUT ! Meme qu'on etait tous jaloux de sa meuf deja a l'epoque.."
"C'etait deja elle ?"
"Ouaip"
Il était en IUT il y a de ça 6ans

Apres tant de temps, un enfant, des années de vie communes, ils en sont encore a se regarder comme s'il lui avait offert son plus chouette pog a la cour de recré.

Puis cette comédienne, totalement mature, qui me confie un jour que "de toute façon il suffit qu'on évoque mon Jules pour que je me retrouve a avoir 6 ans"

Ou ce couple qui se marie alors qu'il ont respectivement bien depassé la 50aine, qu'ils sont ensembles depuis une dizaine d'années et qui se laissent encore des mots d'amour sur le miroir de la salle de bain. (l'amour n'a rien avoir avec les hormones, ménopause inside )


On apprend pas a mieux vivre les sentiments. On pose des reserves, des défenses plus ou moins justifiées, on apprend a plus ou moins s'offrir ou se preserver mais finalement, on aimera toujours comme lorsqu'on avait comme fantasme fou de faire un piou volé a Laetitia dans la cour de récré, entre la marelle et une balle aux prisonniers.

Puisque qu'on ne peut vraiment s'en preserver, qu'on aimera toujours pareil, de maniere aussi inconditionnelle (pour que ça ait du sens) et qu'on a pris cher par certains revers, le plus simple serait de de dire "non merci madame" comme on dirait non a une cigarette lorsqu'une relation sympatique pointe le bout de son téton.

Et ça laisse comme une giclée de metal amer sur les papilles lorsqu'on se sait passer a coté d'un truc, mais qu'on ne veut ni peut rien y faire.


Le pessimiste se dit que c'est la fatalité, qu'on peut rien y faire.
L'optimiste se dit que c'est bien fait, qu'il ne faut pas s'inquieter

Dans les deux cas il ne se passe rien.




S'enlever les doigts des fesses du cul ?

Mais parfois, regarder les simpsons est aussi attrayant de vivre l'aventure de sa vie